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Faguo : leur retour d'expérience sur la qualité de société à mission

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Plongez dans le récit de Faguo en tant que société à mission. Depuis leur engagement initial jusqu'à l'adoption du statut officiel, cette interview dévoile les défis auxquels ils ont fait face, ainsi que leurs réalisations. Une lecture incontournable pour toutes les entreprises visionnaires.

📌 Présentation de Faguo

Faguo c'est une marque de vêtements, de chaussures, de bagagerie et d'accessoires. Vous pouvez résumer ça par un vestiaire complet pour les hommes qui est disponible partout en France dans un réseau de boutiques et dans un réseau de revendeurs sur notre site web. Nous sommes aussi présents en Europe avec des revendeurs multimarques qui revendent nos produits dans de grandes villes européennes.

Aujourd’hui, Faguo c'est 130 personnes, quasiment 50 points de vente, 21M€ de chiffre d’affaires et une seule mission que l'on porte tous depuis 2019 : “engager notre génération contre le dérèglement climatique”. Il me semble qu'on a été en France la première marque de mode à adopter cette qualité d'entreprise à mission. Pour aller encore plus loin et se faire challenger sur nos pratiques, nous avons opté pour la certification B-Corp.

Aux manettes : Nicolas Rohr et Eric Mugnier qui ont cofondé Faguo il y a 15 ans maintenant avec une grande mission : celle d’habiller cette génération et faire en sorte qu’elle puisse vivre, comme on l’entend dans l’entreprise, c’est-à-dire de manière hybride. Chez nous, cela passe notamment par la mobilité douce qui est omniprésente dans la collection à savoir le vélo pour vivre nos vies d'urbains mais aussi pouvoir s'échapper des villes, aller se reconnecter à la nature et tout spécifiquement, vous le savez, à la forêt.

💪 Les engagements de Faguo

A quand remonte votre engagement social, sociétal et/ou environnemental ?

Contrairement à d'autres marques, Faguo est assez pionnière, assez précurseur.

Une anecdote que je donne souvent quand on nous pose la question : quand Nicolas et Frédéric ont lancé la marque : évidemment ils ont fait un business plan comme tout le monde… Et ils ont aussi fait un bilan carbone ! C'est à dire qu'avant de sortir ce premier produit, ils ont déjà essayé de prendre conscience et de mesurer l'impact de leur future entreprise. C’est assez fort quand on sait qu’on parle de 2009 et que 10 ans plus tard : on choisit cette Loi Pacte pour devenir société à mission parce qu'on a l'impression que la loi reconnait ce que Faguo fait depuis presque 10 ans.

Cette nouvelle qualité vient encourager ce cheminement de 10 années et marque un virage pour faire accélérer les prises de décision liées à cette mission pour les 10 prochaines. Effectivement, 2019 est une année “virage” parce qu'au-delà d'avoir adopté cette qualité de société à mission, ça a permis aussi lors du séminaire d'entreprise d’organiser une activité de team building et de formaliser cette raison d'être qui est devenue notre mission qui sera inscrite dans nos statuts.

Quand avez vous adopté la qualité de société à mission ? Pourquoi l'avoir adoptée ? Quelle est votre raison d’être ?

La différence qu’il peut y avoir avec d’autres entreprises, j’imagine, c’est que la raison d’être était déjà là dès la création de Faguo. Quand elle a été écrite dans les statuts après toutes les étapes de la société à mission, elle a été écrite avec le recul de 10 ans d’engagement. Elle a toujours été là, de manière assez différente, elle variait un peu mais elle était déjà là.

🔎 La qualité de société à mission

La définition de la raison d’être a-t-elle été évidente ou complexe ? Quelles sont les parties prenantes qui y ont pris part ? Combien de temps cela a pris ? Vous êtes-vous faits accompagnés ?

Adopter la qualité de société à mission nous a permis de formaliser la raison d’être une bonne fois pour toutes. Cette mission est issue du fameux team building en séminaire, puis d’une restitution et d'un accompagnement par Benjamin Marias avec une agence externe, une personne qui connaît bien Faguo. Son rôle a été d’analyser la restitution et formaliser avec nous cette mission.

Idem pour les objectifs statutaires ?

Nous avions déjà quelques engagements formalisés :

  • Mesurer nos émissions de C02
  • Réduire nos émissions de C02
  • Contribuer à la neutralité carbone

Il y en a 2 supplémentaires qui sont ressortis du team building qui n'avaient jamais été écrits ou formalisés auparavant mais qui sont omniprésents chez nous. C'est comme ça qu'on a ajouté la notion d'accompagnement des clients vers des modes d'habillement plus sains, qui est notre 4ème pilier. Le 5ème c'est la transparence, donc la transparence sur l'ensemble du cycle de vie des produits qui est la dernière composante pour mener à bien notre mission d'entreprise.

Il a fallu du jus de cerveau en interne et ce qui en ressort c’est pas mal de bonnes choses qui ont été digérées et canalisées, notamment avec l'aide d'une personne en externe pour prendre du recul et surtout car on voulait une chose : c'est que la mission soit très inspirante pour embarquer vraiment le maximum de collaborateurs et le plus longtemps possible, éviter l’effet “c’est bon on a défini notre mission c’est fini”.

Comment le comité ou le référent de mission a-t-il été nommé ?

Nous avons nommé un comité de mission qui est hyper représentatif de l'entreprise c’est-à-dire que nous avons à date :

  • La direction
  • Le représentant de l'actionnariat
  • 2 personnes de chez Faguo : un membre du réseau Retail (boutiques) et membre du siège (bureau) pour représenter au mieux la réalité des équipes à la fois sur le terrain et en back-office
  • Le représentant des revendeurs : en l’occurrence il s’agit du directeur général d’Altermundi
  • Le représentant des fournisseurs
  • La personne qui nous a aidé à formaliser notre mission
  • 2 personnes sans aucun lien avec Faguo : la directrice de la fondation Good Planet, le directeur RSE chez Maison du monde

C'est comme ça qu'on avançait et depuis quelques mois, parce qu'il y a énormément de sujets et qu'il faut aussi être proactifs, là où avant, tout le monde était responsable de la mission, j'ai quand même pris le rôle de responsable du comité de mission pour piloter ce comité et faire avancer les projets.

Benjamin va animer et passer les sujets en revue. Il a vraiment ce rôle d’animateur sur nos 3 réunions annuelles pendant lesquelles je vais présenter chaque sujet :

  • En début d’année pour faire une rétrospective sur N-1 avec présentation des résultats
  • Une seconde sur les objectifs de l’année liés à la mission sur l’année
  • Enfin une dernière réunion en fin d’année pour prévoir l’année suivante

Nous organisons également des comités pour suivre l’état d’avancement des objectifs liés à la mission. On en fait 2 par an par objectif : comme on a 5 engagements ça nous amène à 10 comités par an.

Comment avez-vous procédé pour l’élaboration du premier rapport de mission ?

On rédige le rapport de mission tous les ans. Il est disponible sur notre site internet. Comme on a adopté la qualité très tôt, on a déjà passé un audit et on prépare le second avec notre organisme tiers indépendant (OTI).

Télécharger notre guide pratique

Comment rédiger son rapport de mission ?

🛡️ La mission au quotidien

Comment intégrez vous les parties prenantes dans la réalisation de la mission ?

Ce qui nous a aidé, c'est que nous faisions déjà beaucoup de choses, peut-être même trop. Devenir société à mission, écrire une raison d’être et 5 engagements dans nos statuts, ça nous a montré qu’on s'éparpillait parfois un peu et qu'on passait à côté de choses importantes.

Le grand bienfait de cette qualité, c'est que nous chez Faguo, ça nous a permis de nous structurer. Ca a embarqué les équipes, on est vraiment passé d'un projet de direction à un projet global. Comme on s’est structuré, ça a permis de rationaliser les chantiers et de leur donner une vraie direction. Comme vous l’avez compris, on l'avait déjà mais ça l'a vraiment spécifiée et normée.

Aujourd'hui, c'est le comité de mission qui vient fixer les grands sujets donc moi-même et les différents responsables chez Faguo qui vont potentiellement prendre un de ces objectifs de mission à leur compte et faire en sorte qu'ils se réalisent. Ca permet aussi je pense, notamment à l’équipe produits d'embarquer nos fournisseurs et nos prestataires.

Est-ce que c'est assez à date ? Ce n’est jamais assez malheureusement, mais c'est comme ça qu'on fonctionne : la qualité nous a permis de travailler vraiment en entonnoir, on va se fixer 2 gros projets par an par engagement. L’avantage c’est que nos objectifs sont évolutifs.

Par exemple, pour notre objectif “mesurer les émissions de C02” :

  • Dans un 1er temps : on récupère les données chez nos fournisseurs d’énergie
  • Dans un 2nd temps : on essaie de mettre un process en place pour systématiquement récupérer cette information
  • Enfin, pour les fournisseurs avec qui le système est déjà mis en place depuis longtemps, on voit comment on peut arriver à faire évoluer leur modèle ou à améliorer leur performance énergétique

Autre exemple : il y a 2 jours, notre responsable opération logistique a envoyé un appel d'offre pour une partie de notre fret. Il m’a demandé “Romain, que penses-tu de la partie mission dans cet appel d'offre ?” Evidemment, elle avait déjà mis des choses très claires, comme le fait que nous n’utilisions pas de transport aérien. J’ai pu rajouter plusieurs questions, par exemple :

  • Peut-on avoir systématiquement le kilométrage ?
  • Peut-on avoir systématiquement le modèle de camion si c’est de la route ou du bateau pour la voie maritime ?

On a mis une liste de 4-5 points qui peuvent paraître comme le B.A-BA mais qui ne sont pas toujours prévus et cela juste pour une partie du fret. Si on le fait sur chacun des fournisseurs et des parties prenantes externes, ça nous permet d’avoir des données assez exhaustives.

Les prochaines étapes de votre engagement dans les mois ou années à venir ?

Nous avons prévu d’établir un bilan carbone complet sur l’exercice 2023. C’est assez lourd en data surtout quand on est, comme Faguo, une entreprise qui évolue assez rapidement.

Ensuite on a la re-certification B-Corp en février qui va nous demander beaucoup de travail. A terme, nous aimerions également initier une comptabilité eurocarbone.

Et bien sûr la mission, c'est un projet à long terme qui passe notamment par sourcer de nouvelles matières, de nouveaux fournisseurs… Et innover, tout simplement.

Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées ?

Ce qui est important de bien comprendre, avant la transition vers la société à mission, c’est qu’il faut partir “des valeurs et des engagements de base” de la société. S’ils n’ont pas déjà été définis, il faut prendre le temps de faire ce cheminement en amont. Chez Faguo, on avait déjà toute cette réflexion donc ça a été plus simple, parce que c'était déjà fait. Pour quelqu'un qui voudrait se lancer, il faut que les fondations soient déjà existantes, sinon ça risque d’être compliqué.

Nous n’avons pas eu trop de difficultés, à part toute cette transition de structuration, ça a aussi amené un sujet de communication interne, c'est-à-dire la compréhension interne du pourquoi ? Pourquoi on fait ça ? Pourquoi tout le monde devient acteur ? Comment tout le monde devient acteur ? C’est toujours en rodage actuellement… Par exemple chez Faguo, tout le monde a un objectif lié à notre mission.

Ça s'est très bien fait les 2 premières années. La 3ème année a été un peu différente car il y a eu du turn-over et la boîte grandit vite donc plus de gens à embarquer dans la mission. Dans ce cadre là, il faut arriver à reprocesser un petit peu les choses. Il y a un vrai sujet de communication interne pour que tout le monde soit sur la même longueur d'onde et puisse contribuer sans frustration à cette mission.

On a aussi écrit un livre blanc sur le sujet qui est sur notre site dans lequel on explique tous les leviers :

  • Combien ça coûte de devenir entreprise à mission ?
  • Combien de temps ça prend ?

Chaque entreprise est différente : quand on devient société à mission cela doit dépendre de la taille de la structure mais le plus “difficile” (pour nous en tout cas), c'est que les informations circulent bien, se véhiculent bien et surtout de rendre possible ce côté acteur à chaque personne de l'entreprise.

Quelles sont vos plus belles réussites ? Quels sont les bénéfices que cette qualité a apporté à l’entreprise ?

La société à mission nous a permis de nous structurer, de beaucoup avancer ce qui a rendu B-Corp réel mais aussi d’autres projets car on passe vraiment sur une vision décentralisée avec ce comité de mission.

Par exemple, on a intégré un projet d’agroforesterie : planter des arbres c’est bien mais planter des arbres dans le but d'aider l'agriculture c’est encore mieux ! On a pu planter nos premiers arbres en ville parce que le comité de mission nous a aussi motivé à aller créer des îlots de fraîcheur.

On initie des choses qui sont plutôt compliquées. Je pense qu'on ne va pas remplir l'objectif à 100%, mais au moins on aura vraiment avancé. Il y a plein de plein de choses à mettre en œuvre et le fait que ce soit un comité de mission qui le porte permet de challenger l'entreprise.

Voilà quelques exemples parmi tant d'autres… On a fait pas mal de trucs chouettes dernièrement. Ca n'empêche pas qu'on a encore beaucoup, beaucoup de choses à faire.

Avec le recul, avez-vous des bonnes pratiques à partager aux entreprises qui souhaitent adopter la qualité de société à mission, quelles seraient elles ?

Je n'ai pas de bonnes pratiques globales à révéler sur la société à mission, on partage beaucoup d’éléments dans notre livre blanc. Je pense que la mission, elle est vraiment très propre à chacune des entreprises. La nôtre, elle est très inspirante, elle est très large. Certains diront qu'elle l’est presque trop. Nous on est assez ouvert sur le sujet et on a on posé la question au comité de mission par exemple comme il est très diversifié.

La mission est assez claire : engager notre génération contre le dérèglement climatique. Elle permet de porter l'entreprise et les salariés et c'est l'essence même de cette qualité. La force de notre comité de mission c’est qu’il soit aussi “hétérogène” même s'il est proche de notre métier, je pense que ça permet aussi d’avancer dans la bonne direction.

😃 Un dernier mot à ajouter ?

La qualité de société à mission je la résume comme une posture d'entreprise, une posture claire dans laquelle les entreprises disent “voilà dans quel monde je veux évoluer”. Certes, je veux être rentable financièrement et d'un autre côté, je veux résoudre un problème.

Comme tous les sujets, il y a des choses qui sont très positives sur cette qualité, il y en a d'autres qui sont peut-être critiquables comme on peut le voir dans les médias… Encore une fois, je pense que cette posture permet de se structurer. C’est peut-être pas une grande transition, c'est peut-être pas un changement de business model complet mais c'est le début d’une transition et on a besoin de ces petits pas à date. La qualité de société à mission n'est pas une fin en soi évidemment, mais c'est un premier pas donc on verra après à terme quelles sont les entreprises qui avancent ? Et celles qui avancent un peu moins.

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